jeudi 16 mai 2013

Autopsie (partie 2) ou Pourquoi c'est compliqué d'embaumer un corps autopsié?


Lors de notre cours de thanatologie, notre enseignant, M Henri Gibeau, nous a un jour dit: "L'embaumement, c'est un art éphémère. On se doit de tout faire afin de camoufler les imperfections du corps et de le rendre beau, une dernière fois". 

Il avait raison, tout particulièrement pour les corps autopsiés.
Mme Annie Darvault :
"Tous les embaumeurs vous diront que la principale difficulté rencontrée avec un corps autopsié est certainement "le temps". La fermeture des incisions (la fameuse incision en Y et celle de la boîte crânienne) rallonge considérablement le temps de l’embaumement. Les incisions doivent être étanches et presque invisibles (au niveau de la tête d’une personne chauve par exemple)."
Lors d'un embaumement "normal", si tout va bien, on ne fait qu'une ou deux incisions d'environ 2,5 cm chacune. Sur un corps autopsié, il peut facilement y avoir plus d'un mètre d'incision. La suture devra être étanche et discrète. On ne peut se permettre d'écoulement. Une simple goutte de sang sur une chemise blanche et c'est l'échec. 

Mais la difficulté ne s'arrête pas là.

Au cours de l'autopsie, les techniciens ont coupé une partie de la boîte crânienne. L'embaumeur doit donc fixer les deux parties du crâne à l'aide d'écrous et s'assurer que rien ne paraisse. La suture du cuir chevelu n'est jamais simple. Soit qu'il y a trop de cheveux, soit qu'il n'y en a pas assez. L'utilisation d'une poudre scellante à l'intérieur de l'incision réduit les risques d'écoulements.
L'intérieur des cavités thoracique et abdominale a été vidé des viscères. En prélevant les organes, les techniciens ont aussi coupé les vaisseaux qui irriguaient le dos. La solution artérielle injectée par l'embaumeur afin de préserver le corps n'a donc plus accès à toute cette partie. C'est une grande surface et elle doit absolument être traitée, sinon il y aura prolifération bactérienne. Des injections hypodermiques et le badigeonnage des cavités à l'aide d'un gel à base de formaldéhyde contribueront à préserver le corps.

Les muscles sterno-cléido-mastoïdien (là où ça fait mal quand on a un torticolis) ont été coupés et l'œsophage, enlevé. L'apparence du cou n'est donc plus la même. Il faut combler ce vide et refaçonner le cou à l'aide de coton.

Les viscères nous ont été remis dans un sac et doivent être traités à l'aide d'une solution de formaldéhyde. Ils seront déposés à l'intérieur du corps, dans un sac plastique.

Pour en revenir à la  question de Mme Brunton, je dirais que le temps de travail, la suture du cuir chevelu et l'exposition aux vapeurs de formaldéhyde font en sorte que les embaumeurs ne raffolent pas nécessairement des corps autopsiés. Les corps accidentés ont, dans la plus part des cas, subi une autopsie. 

La différence réside dans le fait qu'ils nécessiteront possiblement non seulement un embaumement, mais aussi une restauration ou une reconstruction.

Voilà.


Sont-ce bien les cendres de mon père ?









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